Deux famille de verriers bourgeois qui ont fait la réputation de Vénissieux pour sa verrerie. Louis Sébastien Robert est Mort pour la France…

Quelque part dans l’Hérault, au Moyen-âge, les Nobles s’engagent auprès de Saint-Louis pour les Croisades. Ils en reviennent ruinés. Pour compenser cette perte financière, le Roi leur octroie le Privilèges des verreries. Ils seront désormais les seuls à pouvoir fabriquer le verre. La région y est propice, car le minerai et le bois présents en grandes quantités permettent la fabrication du verre.

Les familles de Riols de Fonclare et de Robert font partie de ces familles de gentilshommes verriers. Ils fondent des entreprises familiales qui prospèrent rapidement. Ils donnent leurs noms à certains villages du Parc Naturel Régional du Haut Languedoc, comme Riols (Rieussec) ou les Verreries de Moussans.

Au début du XX^e siècle, l’industrialisation naissante ne permet pas à ces industries familiales de perdurer. Le développement économique, dû à l’arrivée du train, des grandes voies de communications, ne touche pas ce département pauvrement doté. Les zones de travail sont proches des villes comme Paris, Lyon, Toulouse… et c’est dans ces grandes agglomérations que l’on retrouve les familles Riols de Fonclare et Robert, qui au passage de la Révolution ont perdu leur particule.

En 1891, des grèves sévères touchent toutes les verreries à bouteilles de France. En juin, une vingtaine d’ouvriers licenciés des Verreries du Rhône de Gerland fondent la verrerie ouvrière de Saint-Etienne. Neuf d’entre eux feront partie du Conseil d’administration dont Achille Riols de Fonclare et son beau-frère Urbain de Robert. En octobre, à la verrerie Béroud et Jayet, plusieurs ouvriers en viennent aux mains pour empêcher la reprise du travail. Parmi eux, deux hommes vont être arrêtés, Auguste-Jean Favre et Hector Riols de Fonclare, pour avoir assommé un ouvrier. Hector est le frère d’Achille.

Malgré la pression mise par les patrons-verriers de Lyon pour boycotter le nouvel établissement stéphanois, les ouvriers-patrons trouvent un client toulousain qui leur permet de démarrer la production et un fournisseur décidé à braver les interdictions dictées par les autres patrons de verreries. Trois ans après la création, la verrerie devient rentable et refuse des commandes par manque de place.

Attachés à Lyon où se trouve leur clientèle, les administrateurs achètent en 1896 aux Hospices Civils de Lyon un terrain situé près de la gare de Vénissieux doublant ainsi la superficie de l’usine stéphanoise.

Le 22 avril 1897, la verrerie ouvrière de Vénissieux démarre son activité. Deux ans plus tard, sa production est double.

Elle reste une entreprise sociale dans la tradition des gentilshommes-verriers. A la fin du XIX^e siècle, alors qu’il n’existait aucune protection sociale, une aide financière est fournie aux ouvriers en cas de nécessité de soins ou de maladie. Après 15 ans de services, ils pouvaient prétendre également à une pension de retraite dès l’âge de 55 ans. A l’époque, seule une infime partie de la Société dispose de cette retraite, ce sont essentiellement des fonctionnaires qui ne représentent que 4% de la population française. De plus, chaque année, une partie des bénéfices de la verrerie sont reversés aux membres du personnel.

Malgré tous les avantages de cette verrerie, la réalité quotidienne est tout autre. Les conditions de travail sont dures et une discipline de fer règne. De nombreux enfants non déclarés, sont employés avant l‘âge légal. En 1900, sur les 110 personnes que comptait la verrerie, on dénombrait 45 verriers, 35 gamins et 30 auxiliaires. Lors des contrôles de l’inspecteur du travail, les enfants étaient cachés. Des femmes y travaillaient gagnant un salaire beaucoup plus bas que celui des hommes.

De cette société vont sortir, flacons, bouteilles, bocaux et bien d’autres objets encore.

Camille Riols de Fonclare travaillait aux Établissements Maréchal. Un jour un de ses collègues la croise à Lyon. Le temps passe et Camille n’arrive pas au bureau. L’angoisse grimpe parmi ses collègues de travail. Ils apprennent, quelques heures plus tard, que Camille a mis fin à ses jours. Son frère, qu’on surnommait Fonclare travaillait en face, à la verrerie, mais ne faisait pas partie de la direction. Leurs parents, épiciers de la rue Victor Hugo à Vénissieux, habitaient la maison que leur ancêtre Achille avait acquise dans cette même rue, 68 route de Villeurbanne (rue Victor Hugo).

Robert Sébastien Louis est né le 26 février 1886 à Lyon 3^ème. Ses parents sont Joseph Urbain Robert et Marie-Irma Riols-Fonclare. Il exerce la profession de coucheur verrier et vit au 46 de la rue Victor Hugo. Libéré du service militaire fin septembre 1909, il se marie une première fois le 14 mai 1910 avec Maria Marthe Rosa Gros, il divorce à ses torts, le 5 décembre 1912. Il se remarie 6 mois plus tard avec Sophie Champion. Rappelé en août 1914, il est Soldat au 53ème Bataillon de Chasseurs Alpins. Âgé de 28 ans, il est tué à l’ennemi à Frise dans la Somme le 27 octobre 1914 à 10 heures du soir. Le 14 novembre 1920, sa famille a reçu l’autorisation de faire transférer son corps de Frise à Vénissieux pour être inhumé à l’ancien cimetière. Mort pour la France, son nom figure sur le Monument aux morts et dans le Livre d’or de Vénissieux.