Jules Alexandre DURAND est né à Lyon 2^ème, le 12 juillet 1894. Il est le fils de Jules Mathieu, horloger et de Marie Eulalie BOUVEYRON, sans profession.  Brillant élève, il fait des études et obtient le diplôme d’ingénieur électricien. Sa famille arrive à Vénissieux et s’installe au 52 chemin de Parilly, au Moulin-à-Vent. Ces études longues, l’ont conduit à sursoir à son départ à la guerre mais il intègre le 3^ème Groupe d’Artillerie de Campagne d’Afrique, le 12 septembre 1914. Au bout de 3 mois, il obtient le grade de Brigadier et trois mois plus tard, celui de Maréchal des logis. Il intègre alors le 1^er Groupe d’Aviation au mois de juin 1915. C’est là qu’il apprend à piloter les avions. Breveté n° 2305 le 10 janvier 1916 à Buc sous le contrôle de l’ACF (Aéro club de France) et n° 2845 le 04 février 1916 sur Caudron, DGC. Il effectue des missions importantes et reçoit la citation n°145 à l’ordre du 38ème corps d’armée, en date du 30 janvier 1917 : « Officier observateur ayant fait preuve dans toutes les missions qui lui ont été confiées de réelles qualités de courage et d’énergie, notamment le 3 novembre 1916 en continuant sa mission bien que son appareil ait été sérieusement atteint par le tir de l’artillerie. Le 9 novembre, en poursuivant pendant trois heures un réglage rendu très pénible par le mauvais temps et les attaques de deux avions ennemis. Le 17 novembre en dégageant un avion de l’escadrille sérieusement endommagé par un appareil ennemi. Le 27 décembre, au cours d’un réglage difficile, enfin le 29 janvier 1917, en continuant sa mission photographique malgré de sérieuses avaries dans l’appareil. » Il reçoit la Croix de guerre.

Fort de 2 années d’expérience comme pilote puis instructeur, Jules Alexandre obtient le grade d’Adjudant, le 25 avril 1917. Trois jours plus tard, le 28 avril, avec deux autres pilotes, Pierre de Lagenest et Charles Pomepui, ils vont chercher deux nouveaux appareils Morane Saulnier MoS 10 de type T, destinés à leur escadrille, la C39, qui est stationnée à Nogent-les-Sermiers (51) au sud-ouest de Reims. Alors que Charles Pomepui était aux commandes de l’appareil, une panne de moteur survient, l’avion s’écrase au lieu-dit le Champ Corneille sur la commune de Matougues près de Châlons-sur-Marne. Les trois compagnons sont tués dans l’accident. Les corps des malheureux sont transportés à l’hôpital-Dieu de Châlons où leur décès est officiellement déclaré. Le corps d’Alexandre Jules est rapatrié le 21 juillet 1921 à Vénissieux. Il est porté sur le Livre d’Or de Lyon et repose à l’ancien cimetière de Vénissieux auprès de sa famille.

Rares sont les photos qui nous sont parvenues et qui sont sorties des tiroirs des descendants. Voici celle d’Alexandre Durand, pilote de l’escadrille C39, prise fin juillet 1916 sur le terrain de Nogent-lès-Sermiers dans la Marne. C’est l’avant dernier sur la droite de la photo, avec un képi clair. Il est entouré des autres pilotes de l’escadrille qui sont, de gauche à droite: Fernand Machaux, François Portron, André Waldmann, Robert D. de Mareuil, Edmond Hügel, René de Peyrecave de Lamarque, Victor Helfenbein, Alexandre Durand et Maurice Hanote. Sur les deux moteurs de l’avion, un Caudron G4, on peut voir la devise On les aura. Joseph Kessel appartient aussi à cette escadrille. Il en tirera en 1923 le sujet de son livre l’Équipage, le premier qui eut du succès. Plus rare encore une photo probable de l’appareil après l’accident dans lequel il a trouvé la mort avec les deux autres pilotes. Le moteur droit a été arraché de ses fixations et les ailes côté pilote, largement déformées.

Paul Durand, le frère de Jules Alexandre, est un grand biologiste qui fut directeur de l’Institut Pasteur d’Athènes et de Tunis. Il est à l’origine avec Hélène Sparrow de la création du vaccin Durand-Moineau contre la typhoïde, l’une des maladies emblématiques de la Première guerre mondiale.