Les rosiéristes vénissians

Plus d’une vingtaine de rosiéristes étaient présents sur notre territoire au début du 20e siècle, essentiellement dans les quartiers de Parilly et du Moulin à vent. Certains ont marqués leur passage par des récompenses exceptionnelles, des obtentions uniques,… Nous vous proposons trois histoires de rosiéristes de cette trempe:

Joseph Pernet-Ducher (1859-1928)

Joseph Pernet-Ducher a reçu des plus éminents spécialistes anglo-saxons de roses, le titre exceptionnel de « magicien de Lyon« , tant chacune de ses obtentions était magique et unique. En 1898, il crée la première rose vraiment jaune « Soleil d’or » qui donnera naissance à une nouvelle variété qui portera le nom de « Rosa Pernetiana« . Cette création bouleversera l’horticulture mondiale et donnera à Joseph Pernet-Ducher une notoriété légendaire. En cette même année, il quitte son établissement de Lyon-Montplaisir pour s’installer dans une vaste roseraie à Vénissieux-Parilly.

Quelques-unes de ses créations: Madame Abel Chatenay, Marquise de Sinety, Rayon d’or, Lyon Rose, Souvenir de Claudius Pernet…

Au cours de sa carrière, Joseph Pernet-Ducher obtiendra près de 140 prix nationaux et internationaux dont ceux du concours international des roses de Bagatelle. Chevalier du mérite agricole, chevalier de la légion d’honneur, citoyen d’honneur de Londres, Tokyo, Portland, et parmi ses autres importantes distinctions, il recevra en 1913, la coupe d’or du journal britannique « Daily mail » pour la rose Madame Edouard Herriot; en 1925, la grande médaille d’or de l’état du Massachusetts (Etats-unis) lui a été accordée en reconnaissance des imminents services rendus à l’horticulture mondiale. La médaille d’or de la ville de Portland, qui est la récompense suprême que les américains décernent très rarement à un étranger, lui fut attribuée.

A quelques mois d’intervalle, durant la première guerre mondiale, il est frappé par le décès sur le front de ses deux fils Claudius et Georges, eux-mêmes obtenteurs de génie. C’est en 1928, après 30 ans de présence à Vénissieux, devenue la ville des roses, que Joseph Pernet-Ducher s’éteindra à l’âge de 69 ans, dans son établissement de Parilly.

Le magicien de Lyon et son oeuvre ne cessent d’être commentés, appréciés et sont toujours d’actualité au rythme croissant d’ouvrages et de conférences dans le monde.

Joseph Pernet-Ducher et sa famille reposent à l’ancien cimetière de Vénissieux.

Jean-Baptiste Croibier (1869-1939)

Les obtentions de Jean-Baptiste Croibier ont aujourd’hui encore un succès qui ne se dément pas. Il fut président de la Société Française des Roses durant de nombreuses années. Au début des années 1930, le gouvernement français lui demanda de fleurir la ligne Maginot, par une multitude de rosiers.

« Jean-Baptiste Croibier a été membre ou a participé aux travaux et expositions des institutions suivantes : les Amis des Roses, la Société Lyonnaise d’Horticulture, la Société Française des Rosiéristes, la Société Nationale d’Horticulture de France, la Foire de Lyon, le Service Municipal des Cultures, la Faculté des Sciences, la Société Française Pomologique, le Syndicat des Horticulteurs, la Chambre Syndicale des Fleuristes, les Amis du Dahlia, la Société Française des Chrysanthémistes, la Chambre Syndicale des Marchands Grainiers.

Les Pouvoirs publics français et de nombreux gouvernements étrangers avaient accordé des distinctions à notre ami Croibier, qui était Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaillé Militaire, Croix de Guerre, Commandeur du Mérite Agricole, Officier d’Académie, Commandeur du Nicham Iftikar, Officier de l’Ordre de Saint-Sava, Chevalier de la Couronne d’Italie ».(Source Horti-Lyon)

Il vécut route de Vienne et était apprécié dans le monde entier pour son calme et son bon sens. Il mourut brutalement à son domicile en décembre 1939, il repose désormais à l’ancien cimetière de Vénissieux.

Joseph Schwartz (1846-1885)

Joseph Schwartz naît à Bourgoin en 1846. Il s’installe à Lyon, où il entre en apprentissage chez Jean-Baptiste Guillot-Père, fondateur des Ets Guillot au lieu dit «Terre des Roses». A la fin des années 1860, Guillot-Père songe à céder sa firme et c’est tout naturellement à Joseph Schwartz qu’il vend la « Terre des Roses ». La vente est effective en 1871. Celui-ci, depuis plusieurs années est devenu le principal assistant de Guillot-Père dans tous ses travaux de recherches et d’hybridations.

Joseph Schwartz a 25 ans et il se trouve soudainement propulsé à la tête d’une firme horticole de renom qu’il va diriger avec talent et compétence qui ne se démentiront jamais tout au long de sa brillante carrière. La destinée apportera son lot inexorable de gloires, de succès mêlés d’épreuves et de tragédies. Il marquera la vie de chacun des membres de cette attachante dynastie horticole lyonnaise.

Joseph met toute son énergie dans son travail d’hybridations et très vite il accède à une notoriété internationale. Ses premières obtentions sont de véritables succès. Parmi elles : Auguste Rigottard(1871), Madame Georges Schwartz(1871), dédiée à sa mère, Prince Stirbey(1871), Mademoiselle Eugénie Verdier(1872) et la fameuse Reine Victoria(1872) qui demeure une des roses Bourbon parmi les plus admirée et plantée au monde. D’autres obtentions suivent avec un succès grandissant : la noisette Olga Marix(1873), Noisette Moschata(1873), Perfection des Blanches(1873), et que dire de l’incomparable thé Comtesse Riza du Parc(1876), Souvenir de la Reine des Pays-Bas(1876) et la non moins célèbre Alfred K. Williams(1877).

Joseph Schwartz va de réussite en réussite. Il appartient à ce groupe de rosiéristes lyonnais dont chaque obtention est attendue par les professionnels et les amateurs comme un événement. Il est estimé et respecté par ses collègues, dans ce milieu très fermé de l’hybridation où règne cependant un climat de méfiance. On s’admire et l’on se concurrence tout à la fois.

Nommé Chevalier du Mérite Agricole, il obtient la médaille d’or en 1872 à l’Exposition Universelle de Lyon. En 1873, il devient Correspondant de la Société d’Horticulture et d’Agriculture du Duché de Limbourg (Pays-Bas). Ses obtentions se succèdent, ses succès aussi, avec : Emilia Plantier(1878), Jules Chrétien(1878), la délicieuse noisette Madame Auguste Perrin(1878),

l’incontournable Madame Alfred Carrière(1879) qui a eu en 1999, les honneurs de la philatélie française, Jules Jurgensten(1879), Madame Oswald de Kerchove(1879), Reine Maria-Pia(1880), l’hybride de setigera Bijou des Prairies(1880), la si délicate et florifère rose thé Madame Joseph Schwartz(1880) dédiée à son épouse, Camoens(1881) et Madame Jules Grévy(1881).

Madame Schwartz travaille inlassablement et partage la passion de son mari pour la culture des roses. Femme de caractère, intelligente, infatigable, elle prend une place prépondérante au sein de l’entreprise familiale.

Les années passent …naissent de nouvelles roses : Comtesse Henriette Combes(1881), Madame Fany de Forest(1882), Marguerite de Roman(1882), Secrétaire J. Nicolas(1883), André Schwartz(1883) dédié à son fils, Jeanne Drivon(1883).

En 1883, les rosiéristes lyonnais apprennent qu’une grande exposition de roses va se dérouler à St Petersbourg en Russie. Ils désignent à l’ unanimité, Messieurs Lacharme et Schwartz pour être membres du jury. Nouvelle consécration pour cet homme qui ne compte plus les prix et récompenses décernés à ses obtentions.

Joseph Schwartz rend le dernier soupir le 11 octobre 1885 à son domicile, route de Vienne à Lyon, âgé seulement de 39 ans.

Parmi ses dernières obtentions, citons : Général Appert(1884), Victor Hugo(1884), Albane d’Arneville(1885), Climbing Pride of Waltham(1885) et Souvenir d’Eugène Karr(1885).

Une foule d’amis lui rend un ultime hommage lors de ses obsèques dans le petit cimetière de la ville voisine, à Vénissieux.

Extrait de la Saga des Schwartz Bulletin N°7 de Roses Anciennes en France automne 2001, par Gérard Petit.